POUR UNE VRAIE RÉFORME DU LYCÉE
Projectiles pour un autre lycée ...
Analyse :
Attaques contre l'Éducation : résistance !
Notre actuel ministre de l'Éducation Nationale et son gouvernement engagent beaucoup de réformes dont le sens reste flou aux lycéen(ne)s, qui bien souvent sont maintenu(e)s dans l'ignorance, et livré(e)s par la suite aux affres de la politique, la vie en communauté. Pour essayer d'éclairer la lanterne de mes camarades, j'ai tenté pour vous de décrypter l'actuelle réforme du lycée. Le constat qui en ressort n'est pas vraiment fameux. Au-delà des habituels discours « d'adaptation du lycée à notre époque », nous pouvons surtout observer les économies réalisées par le gouvernement sur notre dos !
Une économie budgétaire de plus
Le ministre souhaite voir la mise en place dans les classes de seconde d'un « tronc commun » d'apprentissage. Selon le projet de loi, 21 heures seront allouées à ces matières principales, accompagnées par 6 heures d' « enseignements complémentaires » et 3 heures d' « activités d'accompagnements » (entendre dans cette formule une forme d'aide individualisée). Les buts sont louables : lutter contre l'échec scolaire, mettre en place des parcours adaptés aux envies des élèves etc ... Mais derrière ces mots se cache avant tout une logique d'économie de la part de l'État : nous estimons en effet que la réduction du nombre d'heures de cours (passant donc à 30 heures hebdomadaire) entraînera la suppression de dizaines de milliers de postes d'enseignant(e)s.
Á l'heure ou la crise sévit, entraînant la paupérisation rampante d'une partie de la population, et où lutter contre l'ignorance est plus que jamais nécessaire, la suppression de nos professeurs est une erreur énorme, mais peut-être pas si innocente que cela. En effet, depuis plusieurs années le gouvernement attaque le secteur éducatif afin de rendre les futurs travailleuses et travailleurs, que nous sommes appelé(e)s à devenir, soumis(es) aux lois sévères du marché. Non seulement le gouvernement ne fait rien pour améliorer la condition des lycéen(ne)s (certain(e)s étant obligé(e)s de travailler), mais au contraire il fait tout son possible pour vous modeler à sa guise.
Cette refonte de la classe de seconde entraîne également une remise en question des différentes filières disponibles post-seconde.
Une libéralisation des savoirs
Dans la réforme proposée par X. Darcos, beaucoup de disciplines ne sont disponibles qu'en modules. Cela implique donc pour l'enseignant(e) une construction de son cour sur un semestre, changement de module pour les élèves oblige. Une telle construction rend malheureusement obligatoire un appauvrissement des connaissances dispensées, étant donné l'écourtement de la période d'acquisition des savoirs.
De plus, le choix laissé à l'élève de pouvoir rejoindre en milieu d'année un module différent provoque forcement une concurrence entre les professeurs. Afin de ne pas voir la disparition de leur poste, on peut imaginer l'abaissement moral de nos enseignant(e)s qui, par tous les moyens, chercheront à garder leurs élèves. Oui, par tous les moyens : bonnes notes, études moins approfondies etc ... Cela même au détriment des acquis qui seront beaucoup plus superficiels. On peut croire que c'est ici pures exagérations, mais n'oublions pas que l'environnement même dans lequel nous évoluons, le libéralisme sauvage, fait de chacun de nous des prédateurs et proies potentiels. Les nouvelles générations d'enseignant(e)s, qui n'ont peu ou pas connu la social-démocratie, et qui ont été élevé dans une société faisant l'apologie de la libre-concurrence et du « marche ou crève », seront plus aptes à intégrer ces principes individualistes, contre l'intérêt de la communauté.
Un confinement social
La concurrence s'établit également entre les établissements. La suppression de la carte scolaire a déjà grandement contribué à celle-ci, mais la réforme des lycées ne fait que l'accentuer davantage. En effet, les établissements devront se partager les nombreuses options proposées dans les modules, car chaque lycée n'aura pas les moyens de présenter toutes les options ( baisse des budgets accordés aux lycées, suppression de 80 000 postes d'enseignant(e)s etc ...). Et qu'entraîne ce partage des options conjugué aux effets de la suppression de la carte scolaire ? Et bien c'est tout simplement la disparition programmée de la mixité sociale. Des établissements se retrouveront avec les options dîtes « prestigieuses » ( notamment les sciences, aujourd'hui représentées par la MPI pour exemple) dont l'accès est réservé aux élèves ayant des moyennes assez élevées. Or, lorsqu'on sait que ces moyennes sont à mettre en rapport avec le climat social dans lequel l'élève évolue, on se doute que les lycéen(ne)s évoluant dans des climats sociaux plutôt aisés auront plus facilement accès aux lycées proposant ces options « prestigieuses » que les camarades appartenant aux classes populaires. Le ministre admet donc sa volonté de cloisonner les classes sociales, de créer des lycées « pour riches » et des lycées « pour pauvres ». Et les moyens s'en feront ressentir ...
La notion de sociabilité mise à mal
La notion de classe est en partie abandonnée au profit de « l'individualisation des parcours ». Les emplois du temps sont déstructurés : il faut mettre l'élève dans la situation qu'il connaîtra sans nul doute dans le monde du travail. L'heure est à la « malléabilité » ! Le gouvernement ne souhaite pas rendre autonome, il souhaite rendre individualiste ! Et oui, il y a nuance : l'autonomie est la capacité d'un individu à se développer pleinement dans une société sans qu'on l'assiste, mais en faisant en sorte qu'il s'épanouisse avec ses concitoyen(ne)s. L'individualisme, c'est la disparition de toutes notions de solidarité et de respect envers l'homme, c'est la mise en concurrence interne de l'humanité. On voit clairement aujourd'hui comment les patrons traitent leurs employé(e)s, en délocalisant dans des pays « à bas-coût ». Est-ce cela que doit enseigner l'école de la république ? Non. Ce que nous souhaitons, c'est que le libre épanouissement de chacun(e) soit la condition première du libre épanouissement de tous ! Et cela ne peut se faire que sur les bases de l'égalité de traitement, de la liberté totale d'expression dans les lycées et d'un apprentissage sérieux de la solidarité au sein des écoles.
Des questions ... toujours des questions
Finalement nous ne voyons pas vraiment en quoi cette « réforme » en est une ! Les enseignant(e)s devront dorénavant endosser « les missions de suivi et d'orientation », ce qui est avant tout le travail des COP et CPE : encore des économies budgétaires. De plus, la question de la refonte de la première et terminale se pose : quelles formes pour quel avenir ? On peut imaginer ces deux classes calquées sur la seconde, le BAC devra alors être individualisé et perdra forcement de sa valeur, étant donné les multitudes de formes qu'il pourra prendre. Quant à la « reconquête du mois de juin » voulue par le ministre, c'est avant tout un effet de style ... aux conséquences néfastes : des secondes présents dans l'établissement lors des épreuves, c'est un risque de déconcentration. Et qui surveillera les épreuves si les cours sont assurés normalement par les professeurs ? Des retraités comme le propose le ministère ? C'est alors une atteinte grave à la dignité et au droit du travail !
De plus, les concertations avec les partenaires syndicaux, les lycéen(ne)s et les professeurs ont été bien pauvres : ce n'est pas une réforme idéologique dans la plus droite lignée libérale que nous souhaitons, mais bien une réforme des lycéens, par les lycéens et pour les lycéens !
Et pour notre bien, que fait le gouvernement ?
Il supprime des postes de professeurs (environ 100 000), il réduit les budgets accordés à l'Éducation Nationale, envoie ses flics contre les manifestations lycéennes (Grenoble, Lyon, Paris, Brest ...) et promulgue des contenus réactionnaires en partenariat avec les syndicats patronaux (le MEDEF) faisant l'apologie du capitalisme sans considérer l'objectivité que se doit d'avoir un programme scolaire !
En attendant, il donne 360 milliards aux banques, exonère d'impôts les plus riches et fait des cadeaux fiscaux aux entreprises ! Et ils osent dire que les caisses sont vides !!
Nos revendications !
l'abandon de la réforme actuelle, une plus grande écoute des revendications lycéennes et plus de moyens pour l'Éducation Nationale
un maximum de 25 élèves par classe et pour cela l'arrêt des suppressions de postes
des droits nouveaux pour les lycéen(ne)s, notamment sans-papiers qui se voient expulsé(e)s sans humanité par l'État !
Des moyens plus élevés pour l'enseignement des Langues Vivantes (des voyages pour tous, des laboratoires de langues, des assistant(e)s ...)
un apprentissage pour tous à la culture et aux arts